Interview par Rachid FILALI – Journaliste (El Watan)

Rachid FILALI

 

Comment êtes-vous devenu écrivain et pourquoi écrivez-vous ?

Je suis devenu écrivain, tout d’abord, parce que j’aime manier la langue française, et quoi de mieux pour moi que de m’en servir pour dépeindre et traiter les sujets qui me tiennent à cœur. Transmettre un message, faire passer à autrui des sentiments, des ressentis, et pourquoi ne pas interpeller le lecteur sur des problèmes d’ordre général ou particulier, voire de société. Enfin, essayer de communiquer le plaisir que je ressens et cela me semble essentiel.

Votre premier roman, « La magie du sapin de Pâques » est un voyage dans le temps, vers le passé. Il est également une tentative d’appel à l’aide aux grands noms qui nous ont quittés, il y a plusieurs années. Ma question est la suivante : avez-vous perdu confiance en l’avenir et dans les hommes ?

Mon premier livre n’est pas un voyage dans le temps, ni vers le passé. Il est vrai que des grands hommes qui ont forgé l’Histoire viennent là visiter notre temps. J’ai voulu par ce livre montrer que nous n’étions pas, au XXIe siècle, les seuls propriétaires de raisonnements, de politiques, de sens pratiques, bref que l’intelligence humaine avait certainement la qualité pérenne d’exister au travers des siècles. Autant de nos jours, il nous arrive de faire appel à des experts contemporains, autant il m’a paru essentiel de considérer que des hommes du passé, pouvaient être en capacité de nous conseiller, du fait de leur propre intelligence, mais aussi au regard de leur expérience. Perdre confiance en l’avenir et ses hommes, consisterait justement à se refuser de considérer des ressources existantes dans le passé. Nos racines portent bien la mémoire nécessaire à notre développement. Ce livre se veut optimiste et plein d’espoir pour le futur.

Vous avez savamment instauré une fine relation entre la littérature et l’Histoire. Pouvez-vous nous donner une explication claire sur la différence entre le réel et l’imaginaire ?

Le roman sert à semer de l’imaginaire dans le réel. Pour ma part, lorsque j’écris un livre de cette nature, je conçois le concept suivant : sur un mur réel, rattaché à l’Histoire, j’accroche des tableaux de personnages fictifs ou imaginaires, se mélangeant même parfois avec des personnalités ayant réellement existé.

Tous vos écrits révèlent que vous êtes « obsédé » par l’Histoire. Comment expliquez-vous cet intérêt inhabituel de tout ce qui est passé. Pourquoi choisir d’écrire un roman historique ? Par exemple, pourquoi ne pas écrire directement sur l’Histoire ? En d’autres termes : pourquoi avez-vous choisi d’être un homme de lettres, et non un historien ?

Il est vrai que j’aime l’Histoire, alors j’apprécie de la faire transparaître dans mes romans. Pas dans tous, lisez «Les écureuils de mon enfance». Pour en revenir au roman historique, il s’agit pour moi de faire revivre le passé, recréer l’atmosphère d’une époque disparue : le romancier offre alors au lecteur un univers romanesque ancré dans l’Histoire. Les personnages fictifs croisent des personnages historiques, évoluant dans un cadre minutieusement reconstitué. Le pittoresque des lieux, des objets, le charme du dépaysement s’ajoutent à l’évocation des conflits politiques et militaires, des structures sociales, des confrontations idéologiques qui ont animé une époque.

Avez-vous pensé à écrire des poésies, ou pour le théâtre ? Ou tout simplement préférez-vous le roman, votre sport préféré ?

Vous ne croyez pas si bien dire, écrire est un sport. Pour répondre à votre question, j’ai dans ma jeunesse écrit quelques poèmes. Mais aujourd’hui le roman est pour moi beaucoup plus expressif. Il est pour moi plus aisé de communiquer, de transmettre par le roman qui pour moi et le symbole, l’outil véritable de la Liberté d’expression. Si mes romans inspirent le théâtre ou le cinéma, je n’en serais qu’honoré !

Vous avez dit que les problèmes du monde viennent souvent de préjugés, et peut-être que vous abordez cela dans vos romans. Pensez-vous que les auteurs sont tenus d’être des prédicateurs et des guides moraux ?

Pour faire simple dans ma réponse, l’écrivain allume la lampe, au lecteur de s’en servir ou pas pour éclairer son esprit et son chemin.

Merci beaucoup pour votre collaboration et permettez- moi de vous souhaiter du succès.

Merci à vous, et rendez-vous dans quelques semaines pour la sortie d’un prochain livre. A bientôt !