Un enfant, une étoile
Ce soir là, le froid saisissant de la nuit enveloppait de son épais manteau les rues grises et luisantes de cette ville sans nom. Au loin brillait une lumière diffuse. Une maison bourgeoise échappait de sa cheminée une fumée claire qui s’élevait tout droit vers le ciel.
Un vieil homme sans abris gisait là, recroquevillé dans une redingote en loque. Soudain des rires de joie et d’allégresse déchirèrent la nuit. Une kyrielle d’enfants joyeux dansant et chantant, revenaient de la messe de minuit.
Arrivés à la hauteur du vieillard, une jeune enfant aux couettes souriantes s’arrêta net de chanter, et repris sa route en courant vers la maison cossue.
Quelques minutes plus tard, on entendit dans la noirceur glaciale, une petite voix :
– Monsieur, Monsieur, tenez, c’est pour vous.
La jeune enfant revenue sur ses pas, tenait dans ses mains une grosse
brioche encore chaude.
– Oh merci petite, déclara l’homme surpris de tant de générosité.
– Joyeux Noël Monsieur, lui dit-elle.
La petite repartit dans le brouillard épais de la nuit de la ville sans
nom.
Seule une étoile se mis à briller au dessus du vieil homme.
Noël fut ce jour là, la plus belle fête des enfants.
Paul Péret-Meyssan